La Basilique de Saint-Denis : la nécropole des rois et des reines de France
- Benjamin Lasser
- 29 avr.
- 5 min de lecture
Dernière mise à jour : 24 sept.

Le Château de Versailles, le Château de Fontainebleau, le Palais du Louvre,... toutes ces demeures royales sont dans notre mémoire collective, les symboles de la royauté avec tout ce que l’on peut y voir de grandiose. On peut également y voir la puissance et la vitalité de toutes ces rois et reines. Cependant comme tout être humain, aussi grand soit-il, la mort les attend à la fin.
Mais alors où reposent-ils ?
Les rois et reines de France ne sont pas comme le commun des mortels, enterrés dans un cimetière paroissial. Une petite ville, non loin de Paris, du nom de Saint-Denis est devenue avec le temps le “cimetière des rois et reines”. La basilique de Saint-Denis accueillent les tombes de 43 rois, 32 reines et une dizaine de serviteurs de la monarchie. Ce qui fait d’elle l’un des plus grands sanctuaires royaux en Europe. La quasi-totalité des rois et reines de France du XIIème au XIXème siècle repose au sein de la Basilique. De nos jours, des touristes du monde entier viennent la visiter et rendre un dernier hommage à ces rois et reines d’antan qui repose sous des gisants d’une splendeur unique. Rien que pour l’année 2023, environ 135 000 personnes se sont rendus sur ce site historique.
I- L’évêque Denis, le père de la Basilique
La vie de chaque Saints est retranscrite dans plusieurs récits qui peuvent différer selon la provenance du manuscrit. Pour Denis, ce fut également le cas. En regroupant toutes les écritures évoquant son histoire, on constate que Denis fut envoyé de Rome par le pape Clément Ier devenu Saint Clément (92-101 après JC) comme évêque missionnaire en Gaule pour répandre la parole de Dieu. Il est accompagné de deux disciples : Rustique et Éleuthère. Arrivé à Lutèce (nom antique pour désigner Paris), il débute la construction d’un édifice religieux. La Gaule étant encore sous le joug de l’Empire romain, il est arrêté. Il ne terminera jamais son ouvrage. Ce n'est que cinq siècles plus tard, qu'une église est érigé à Saint Denis.
Les soldats romains croyant au dieux de leurs pères, le culte de Jupiter et des autres divinités romaines reste la religion officielle de l’Empire. Denis est emprisonné et exécuté par décapitation. Il devient dés lors un martyr. De plus, il est considéré comme étant le premier évêque de Paris.
Nous n’avons pas ces dates exacte de vie et de mort. Les historiens estiment que Denis serait exécuté aux alentours de l’année 250. A son décès, l’histoire de cette homme mort pour sa foi traverse les frontières. Au IXème siècle, l’abbé Hilduin de Saint Denis retranscrit la vie du martyr. Il évoque par exemple la céphalophorie, il affirme que Saint Denis aurait après son exécution ramassé sa tête à Montmartre avant de marcher vers le nord en récitant des prières. Puis il se serait effondré à Catulliacus (l’actuelle ville de Saint-Denis), là où la basilique fut bâtie.
Ce lieu devient un lieu de pèlerinage, des aristocrates français venu de tout le pays souhaitent se faire enterrer dans les mêmes lieux que l’évêque Denis. Arégonde, belle fille de Clovis, est la première monarque française à s’y faire enterrer aux alentours de l’année 580. Avec le temps, l’église devient une basilique. Le premier roi de France à y être inhumé est le roi Dagobert Ier en 639. Il est le premier maillon d’une longue chaines de rois et reines qui vont être inhumés dans ce lieu. La basilique, au fils des années, devient une nécropole royale. Tous les rois et reines de France de Dagobert Ier jusqu’à la mort de Louis XVIII en 1824 sont inhumés au sein de la nécropole royale. Les rois et les reines de France doivent inhumés dans un lieu représentant leur grandeur et non en un lieu austère sans ornement. Chaque sépulture est sculpté par les meilleurs artistes du royaume, la basilique en elle-même devient un chef d'œuvre. Mais elle subira a travers les siècles de nombreuses dégradations, que ce soit le bâtiments en lui même mais également les sépultures qui sont à l'intérieur.
II- La Basilique à travers les siècles
La Basilique de Saint-Denis est considérée comme l’un des plus beaux édifices religieux du patrimoine français. Cet édifice est façonné par l’art gothique, fortement en vogue du milieu du XIIème siècle au début du XIVème siècle, depuis ces arcs et murs extérieurs jusqu'aux vitraux et sépultures des monarques. Le fait que ce lieu soit assimilé à la monarchie de part son rôle de nécropole royal est à double tranchant. En effet, actuellement, des milliers de touristes venant du monde entier accourent à la Basilique pour découvrir les sépultures des rois et des reines de France. Seulement, la France n’a pas toujours été d’une grande tolérance pour les monarques français et ce qu’ils représentent. Durant les derniers siècles de notre histoire, la Basilique a été mise en danger durant certains épisodes historiques.
Durant la Guerre de Cent ans (1337-1453) entre Anglais et Français, le site de la Basilique est pillé une première fois. C’est sûrement durant ce premier pillage, que le tombeau de Louis IX (plus connu sous le nom de Saint-Louis) a disparu. Elle l’est une seconde fois, durant les guerres de religions (1562-1598).
La période historique la plus difficile pour la Basilique est sans conteste la Révolution Française. En 1792, suite à plusieurs rénovations dans la Basilique, les moines sont obligés de quitter les lieux durant un temps. En 1793, les tombeaux des monarques français sont exhumés pour récupérer le plomb de leurs tombes. La France en guerre avait besoin de métal pour fabriquer des balles et des obus. Enfin en 1794, la toiture est enlevée pour la même raison.
A la suite de ces évènements, la basilique est laissée à l’abandon. Elle devient un bâtiment parmi tant d’autres, transformé un temps en théâtre ou en entrepôt de farine. Ce n’est que sous Napoléon Ier, que l’édifice religieux récupère ces lettres de noblesse pour devenir une nécropole impériale et royale. Les corps des différents monarques sont de nouveaux inhumés dans la basilique, car sous la Révolution les corps des rois et reines étaient envoyés dans des fosses communes. La Basilique reprend sa place !
III- La basilique de Saint-Denis de nos jours
Durant le 19ème siècle, de nombreux travaux sont entrepris notamment sous l’impulsion de l’empereur Napoléon Ier pour rénover et embellir l’édifice religieux. C’est l'architecte François Debret qui est chargé des travaux pour tout le bâtiment.
Après plusieurs années, le chantier est freiné par de nombreuses péripéties dont l'endommagement une première fois de la Flèche Nord à cause de la foudre puis une seconde fois par une tornade. Ces différents incidents entraînent le remplacement de l'architecte François Debret par le célèbre architecte Eugène Viollet-le-duc. Il décide de tout reprendre depuis le début en enlevant toutes les modifications de son prédécesseur. Un projet en particulier est entrepris par Viollet le duc mais il n'est réellement terminé qu’en 2024, cela concerne la tour Nord ainsi que sa flèche.
Actuellement, la Basilique de Saint-Denis est considérée comme l'un des plus précieux joyaux architecturaux et historiques de tout le territoire français. La basilique a été élevée au rang de cathédrale en 1966 lors de la création du diocèse et du département de la Seine-Saint-Denis. Elle est actuellement gérée par le Centre des Monuments nationaux
Source et Bibliographie :
LENIAUD Jean-Michel, La basilique de Saint-Denis, Editions du Patrimoine Centre des monuments nationaux, 2012.
LENIAUD Jean-Michel, La basilique de Saint-Denis et ses grands chantiers, Editions du Patrimoine Centre des monuments nationaux, 2022, 63 pages.
LENIAUD Jean-Michel, PASINI Chantal, La basilique royale de Saint-Denis : De Napoléon à la République, Evergreen, 2012, 208 pages.
SCHNECK Antoine, Les gisants de la basilique de Saint-Denis, Editions du Patrimoine Centre des monuments nationaux, 2011, 64 pages.




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