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Le Château de Versailles au XIXème siècle (3)

Dernière mise à jour : 28 nov. 2024




Après les affres de la Révolution et des années d'instabilité politique, un nouvel homme fort émerge pour bouleverser la scène politique nationale et internationale. 

Le 18 Brumaire de l’an VIII (9 novembre 1799), Napoléon Bonaparte devient le chef d’un tout nouveau régime : le Consulat. Il est nommé à la tête d’un trio d’hommes (Emmanuel-Joseph Sieyès, Roger Ducos et lui-même) ayant pour mission de gouverner et de diriger la France durant une période de dix années. Le titre de Premier Consul lui est attribué. Alors débute une toute nouvelle histoire pour la France ainsi que pour tous ces monuments. 


Le Château de Versailles sous Napoléon Bonaparte 


Malgré les émeutes et les insurrections de la Révolution, le Château de Versailles est toujours debout. Le nouveau gouvernement de la Nation française va alors devoir prendre une décision pour occuper le joyau versaillais. Napoléon, à l’inverse des monarques français de l’Ancien Régime, décide de ne pas bouleverser le schéma mis en place par les précédents gouvernements : il décide de rester à Paris. Mais alors que devient le château de Versailles durant la période du Consulat et de l’Empire ? Son rôle et ces locataires ont évolué au fil des années. Dans un premier temps, Napoléon Bonaparte prend la décision d’envoyer deux mille invalides dans les locaux du château pour y être logés pour une durée de deux années. Au fil des années, il fait quelques modifications dans l’architecture et dans les jardins du domaine de Versailles. Le Grand Canal est remis en état durant l’été 1808 alors qu’il était laissé à l’abandon et fortement délabré à la suite des années. Le château de Versailles ne fut, comme vous l’avez compris, pas la priorité de l’empereur Napoléon Ier. Il fut même question pendant un temps de détruire le Palais royal et de le remplacer par un autre édifice. Ce projet fut abandonné en partie par manque de fonds. Cet intérêt modeste pour le palais se constate également économique : il dépensa la somme de 500 000 francs pour l’entretien et la rénovation du château et de ces domaines durant tout son règne. 


Cependant, des visiteurs prestigieux sont venus visiter la demeure du roi Soleil durant le règne impérial. En effet, le pape Pie VII quitte temporairement la ville éternelle pour découvrir le château de Versailles ainsi que ses jardins lors de l’hiver 1805. Enfin, lors de la chute de l’Empereur, les chefs des nations victorieuses vont également venir découvrir la cité royale durant l’année 1814. Mais comme ce fut le cas avec le dernier roi de France Louis XVI, Napoléon quitte le trône de France une première fois en 1814 avec un exil éphémère sur l’île d’Elbe. Puis une seconde fois, après la célèbre défaite de Waterloo en 1815. Il abdique le 22 juin 1815 après un retour au pouvoir qui a duré cent jours. Il est de nouveau exilé sur une île beaucoup plus éloignée de la France. Cette fois-ci, il reçoit comme lieu de résidence l’île de Saint-Hélène. C’est en ce lieu que Napoléon mourut en 1821. 

Après la chute de l’Empire, la monarchie est restaurée en France. C’est un Bourbon qui va reprendre le trône laissé vacant par Napoléon : Louis XVIII, le frère de Louis XVI. 


Le retour de la monarchie en France, un roi à Versailles


Plus de vingt ans se sont écoulés depuis la mort de Louis XVI et la disparition de la monarchie en France. Cependant, les membres de la noblesse ainsi que de la famille royale ont survécu à la Révolution en partant pour la plupart en exil dans d’autres royaumes européens. Les frères du Roi Louis XVI font partie de ces derniers survivants. Après la défaite de l’Empereur, c’est au plus vieux des frères, qui sera connu sous le nom de Louis XVIII, que l’on fait appel pour gouverner le pays. L’une des premières interrogations que l’on peut se poser en évoquant le retour d’un Bourbon sur le trône : Paris ou Versailles ? 

Malgré sa jeunesse et le nombre d’années qu’il a pu passer dans le palais royal de Versailles, Louis XVIII prend le parti de ne pas installer la Cour ainsi que la famille royale dans la cité royale. Ne voulant pas rouvrir les blessures de la Révolution, il s’installe au sein du Palais des Tuileries. Délaissé par la famille royale, Louis XVIII ne laisse cependant pas le château à l’abandon. Il lance la rénovation de nombreuses salles et pièces du château. La toiture du corps central est par exemple réparée. L’une des modifications notables débutées sous l’Empire fut la construction du pavillon Dufour par l’architecte Alexandre Dufour (1756-1835) durant l’année 1815. Par la suite, il est décidé que le château accueille des personnes de rangs plus modestes qui vont prendre bien moins soin du château que l’ont fait les nobles contemporains du roi Soleil. Nous avons par exemple des officiers en formation, des membres de la bourgeoisie qui vont vivre comme il l'aurait fait dans n'importe quelle maison ou domaine français. Le château va peu à peu être délaissé jusqu’à la fin du règne de Charles X qui aboutit à la Révolution des Trois Glorieuses (27, 28, 29 juillet 1830) et à l’arrivée au pouvoir d’un tout nouveau monarque : Louis-Philippe d’Orléans, roi des Français. 


La monarchie de juillet : la renaissance du château de Versailles. 


Le château de Versailles avec l’accession de Louis-Philippe sur le trône de France devient tout autre chose. Le temps de la vie de cour et des grands levés est terminé. Le Château de Versailles va être transformé en profondeur pour cesser d’être une résidence royale et devenir un lieu de mémoire, un monument au service de la défense de l’histoire et de la culture française. Dans un premier temps, ce n’est qu’une partie du château qui est utilisée à cette fin mémorial. En effet, les palais annexés aux bâtiments centraux tels que Trianon continuent d’accueillir des hôtes de marque pendant encore des décennies. On revient un peu plus tard sur la visite d’une invitée prestigieuse, en particulier vingt-cinq ans après l’accession de Louis-Philippe sur le trône. 


Le 1er septembre 1833, le Roi des Français décide de transformer le château royal en musée. Ce lieu est dorénavant dédié à l’histoire de France. Il désire réconcilier tous les courants politiques présents au sein de la Nation française. Des forces légitimistes royalistes jusqu’aux plus fervents républicains. Ce musée est dédié à toutes les gloires de la France. Le roi confie à l’architecte Frédéric Nepveu (1777-1862) le soin de transformer le château en profondeur pour répondre aux exigences du souverain. Il transforme les anciens appartements ainsi que l’aile Nord et du Midi. Les travaux vont durer jusqu’au 10 juin 1837, date de l’inauguration du Musée royal. Le roi dépense sans compter pour répondre à ces ambitions. Nous avions vu dans un précédent paragraphe que Napoléon Ier avait dépensé 500 000 francs pour le château de Versailles durant la totalité de son règne. À titre de comparaison, Louis-Philippe pour ce projet a dépensé la somme de 20 millions de francs depuis la liste civile. Le Roi commande quatre mille tableaux pour ce nouveau projet. La partie la plus impressionnante de ce nouveau dispositif est la Galerie des Batailles. Elle regroupe d’immenses tableaux illustrant les grandes victoires françaises depuis la bataille de Tolbiac (496) avec Clovis Ier jusqu’à la victoire de l’empereur Napoléon Ier à Wagram (1809). Elle est composée de trente-trois tableaux. L’ensemble des dynasties et des régimes qui ont régné sur la France jusqu’à Napoléon Ier sont représentés. 

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Le jour de l’inauguration, le peuple ainsi que de prestigieux invités (Victor Hugo, Eugène Delacroix…) sont conviés à la découverte de cet ambitieux projet. Cette journée se divise en quatre périodes. La journée débute avec la visite de la Galerie des batailles. Les visiteurs déambulent dans le grand couloir de l’aile du Midi où les plus grandes victoires sont illustrées. Puis un banquet royal est organisé pour mille cinq cents invités dans la Galerie des glaces. Par la suite, un spectacle est joué devant les convives au sein de l’Opéra royal. C’est une pièce de Molière qui est choisie : le Misanthrope. Enfin, le roi des Français convient ces invités à une promenade géante à travers les salles du musée. L’identité du château continue sa transformation pour devenir le monument historique et le joyau patrimonial que l’on connaît de nos jours. 


La Reine Victoria à Versailles


La fin de la Monarchie de Juillet et le retour de la République en France ne bouleversent pas le schéma mis en place à Versailles. Le musée reste en place, seulement avec l’accession au pouvoir de Napoléon III, le château est utilisé plus fréquemment comme un lieu recevant des festivités et de grands événements. En réponse à une précédente visite en Angleterre de l’Empereur Napoléon III (16 au 21 avril 1855), la reine Victoria (1819-1901) est conviée à venir en France. 

Le 17 août 1855, la prestigieuse monarque européenne vient rendre visite à l’Empereur Napoléon III. La Reine Victoria d'Angleterre reste pour une durée de onze jours sur le territoire français. Son séjour à Versailles est rythmé par un splendide feu d'artifice, un repas dans l'Opéra royal ainsi qu'un immense bal regroupant 1200 personnes. Elle repart le 28 août 1855. Comme tous les régimes politiques qui l'ont précédé, le Second Empire et Napoléon III vont chuter après dix-huit ans de règne. La guerre franco-prussienne de 1870 et la défaite française à Sedan sonnent le glas de l’empire. 

La guerre, c’est ce qui va rythmer la vie française pendant un siècle. Versailles et son château vont devoir survivre durant cette période sombre et meurtrière de notre Histoire. 


Bibliographie : 


  • BAJOU Valérie, Louis Philippe Ier et Versailles, Evergreen, 2019, 421 pages. 

  • BENOIT Jérome, Napoléon et Versailles, Réunion des musées nationaux, 2005, 144 pages.

  • DE LA VARENDE Jean, Versailles, Bartillat, 2021, 299 pages.

  • LENTZ Thierry, Napoléon III, la modernité inachevée, Perrin, 2022, 256 pages. 

  • PETITFILS Jean-Christian, Louis XVIII, Perrin, 2008, 972 pages.

  • TEYSSIER Arnaud, Louis Philippe : le dernier roi des français, Perrin, 2010, 456 pages. 

  • TULARD Jean, Napoléon, Hachette, 2011, 576 pages. 

 
 
 

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